Sensibiliser l’étudiant FLE aux processus cognitifs

9 mars 2010 par Philippe Mijon Laisser une réponse »

« Je progresserai d’autant mieux que vous m’autoriserez à régresser. »
Bruno Bettelheim

Tous les professeurs connaissent l’importance de la première classe. Sans que tout s’y décide, il est capital qu’une bonne partie des « règles du jeu » soit expliquée clairement aux étudiants. En fin de compte, toute situation d’enseignement/apprentissage est un contrat, et il vaut mieux ne pas utiliser, comme pour les contrats d’assurance, les petits caractères en bas de page. D’où l’intérêt des professeurs à expliquer l’organisation de la classe, les objectifs d’apprentissage, la quantité de travail demandée, les méthodes d’évaluation, etc. Ne pas le faire entraîne presque toujours des problèmes en cours d’année : malentendus, plaintes, protestations, etc.

Il reste que les informations de ce premier cours ne peuvent pas se réduire à cela. Trop peu de professeurs sensibilisent leurs étudiants aux difficultés à venir. Or connaître les obstacles à l’avance contribue à améliorer sensiblement l’apprentissage ; dans les moments difficiles, cela aide chacun à se rassurer et l’encourage à ne pas relâcher son effort (au lieu, précisément, d’être démotivé).

Quelles sont ces difficultés communes à tous ? Elles tiennent aux représentations de l’apprentissage. Tous les étudiants se l’imaginent comme une droite parfaite qui, commençant au point 0 sur un graphique, s’élèverait au fil du temps d’une manière continue et harmonieuse vers la perfection :

Représentation par l’apprenant FLE des progrès de son apprentissage

Rien de plus faux que cette image, nous le savons aujourd’hui grâce aux recherches en psychologie cognitive. En réalité, si schéma il doit y avoir, le processus d’apprentissage ressemblerait plutôt à cela :

Progression dans l'apprentissage FLE

Représentation plus réaliste des progrès de l’apprenant FLE

Nous voyons donc qu’il existe des phases de « stagnation » (paliers après les phases de progression), qui sont en réalité des moments de sédimentation et de traitement de l’information ; et que des phases de régression précèdent de brusques progressions. Il faudrait d’ailleurs préciser que plus le niveau de langue est élevé, plus les phases de stagnation apparente sont longues et moins les sauts de progression sont importants.

Un étudiant qui étudie (il n’est pas inutile de rappeler que ce graphique ne s’applique qu’à lui, certains ont parfois tendance à l’oublier… ) peut donc logiquement se sentir découragé si, apparemment, son effort n’est pas « récompensé », c’est à dire s’il ne progresse pas ou, pire, si son niveau de langue semble diminuer. Voilà pourquoi il est indispensable de prendre systématiquement le temps, en début de cours, d’expliquer et de dessiner au tableau ces deux graphiques. C’est finalement rapide, facile, et d’une grande aide pour tous !

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