Quelques activités de sensibilisation à la prosodie en FLE (2)

16 mars 2011 par Philippe Mijon Laisser une réponse »

Afin de sensibiliser vos apprenants FLE à la prosodie française, voici d’autres activités d’imitation/répétition très simples.

4. Les comptines

Souvenez-vous : lorsque vous appreniez votre langue maternelle, vos parents vous ont sûrement chanté quelques comptines. Vous adoriez, d’ailleurs, les répéter ad nauseum ! C’est que les comptines sont parfaites pour apprendre la prosodie d’une langue : elles font percevoir ses composantes rythmiques et ses intonations logiques.

Facilement perçue, facilement mémorisée, une comptine est également facilement reproduite. De plus, sa structure répétitive, fermée, permet d’anticiper, et donc de s’y « installer » : en un mot elle donne confiance à l’apprenant.

Cherchez donc dans votre mémoire toutes les chansons de votre enfance : les Frère Jacques, Amstram gram, Sur le pont d’Avignon, Une souris verte, etc. feront parfaitement l’affaire et vous serez surpris du résultat !

5. Sensibilisation à l’expressivité

Tous les étrangers connaissent l’expression française : « Oh la la ! », qui leur semble toujours le comble de la langue français. Peu savent combien cette expression est riche de significations suivant l’intonation qu’on lui prête. De « Je suis fatigué » à « Il va arriver une catastrophe ! » en passant par les cris d’admiration, « Oh la la ! » offre une palette très large. Avec des débutants, vous pouvez leur en proposer vous-même différentes versions et leur en demander ensuite la signification (dans quelles situations on pourrait les dire). C’est l’occasion pour eux de les réemployer. Avec les niveaux plus avancés, il est possible que les étudiants eux-mêmes proposent des intonations différentes pour « Oh la la ! ». Pour pouvez décliner ces activités avec d’autres phrases comme « Eh ben dis donc ! » ou « Et voilà ! ».

Pour ceux qui ont accès aux cds du livre de Pietro Intravaia, vous pourrez travailler avec les documents sonores qui proposent jusqu’à treize significations différentes de phrases aussi simples que « Il a une voiture » et « Et vous vous le vendez ? »

6. Découpage régressif ou progressif

Ils permettent une mémorisation de longs énoncés. Le découpage peut être syllabique (à l’intérieur d’un groupe rythmique) ou en groupes rythmiques (GR).

Le découpage syllabique progressif en syllabation ouverte sensibilise aux enchaînements, aux pauses, aux élisions ; il fait percevoir que les syllabes atones sont bien réalisées et « tendues » (c’est à dire le rythme isosyllabique du français). Ex. : « Il est arrivé c’matin » : i ; i/lest ; i/lest/ta ; i/lest/ta ; i/lest/ta/rri ; i/lest/ta/rri/vés ; i/lest/ta/rri/vés/ma ; i/lest/ta/rri/vés/ma/tin.

Le découpage syllabique régressif sert à désactiver l’accès et la recherche de sens et oblige ainsi l’apprenant à l’écoute ; il fait mieux percevoir (et mieux mémoriser puisqu’elle est répétée à chaque production) la syllabe accentuée du GR. Ex. : « Il est arrivé c’matin ? » : tin ? ; ma/tin ? ; vés/ma/tin ? ; ri/vés/ma/tin ? ; ta/rri/vés/ma/tin ? ; lest/ta/rri/vés/ma/tin ? ; i/lest/ta/rri/vés/ma/tin ?

Le découpage en GR régressif est très utile pour mieux placer l’intonation. Ex. : maintenant ! ; pourquoi tu dis ça/ maintenant ! ; Je ne comprends pas / pourquoi tu dis ça / maintenant !

Avec le découpage en GR progressif, l’étudiant perçoit mieux la syllabe accentuée (c’est à dire allongée) : Je ne lis pas ; Je ne lis pas / les journaux français ; Je ne lis pas / les journaux français / quand je voyage ; Je ne lis pas / les journaux français / quand je voyage / à l’étranger.

Les découpages sont également utiles pour la correction des phonèmes, mais nous le verrons plus tard !

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6 commentaires

  1. Vanessa Brentcheneff dit :

    Bonsoir,
    Formatrice FLE depuis peu et étudiante en M2 métiers de l’enseignement, je dois créer une séquence pour travailler sur l’intonation.
    Pourrions nous échanger, j’aurai besoin de quelques infos ?
    En vous remerciant.

  2. Philippe dit :

    Bonjour,
    Oui, bien sûr !

  3. Vanessa Brentcheneff dit :

    Merci 🙂

    Pour le master (partiel de musique), je dois construire une séquence sur l’intonation en langue française afin de travailler les notions (musicales) de hauteur et de durée.

    En cours de FLE, les apprenantes (adultes) ont un petit niveau débutant (elles débutent leur 2e année) et moi je débute en tant que formatrice aussi.
    J’ai un doute sur la construction de cette séquence et j’aurai besoin de vos lumières !

    Je pensais faire une 1ere séance en travaillant sur le rire (avec la chanson « c’est bon de rire » du film Mary Poppins) en faisant reproduire les différents rires et en créer d’autres.

    Une 2e séance sur la hauteur et la durée des syllabes en travaillant sur Stripsody.

    Une 3e séance sur l’imitation de l’accent français et introduire les notions d’intonation montante et descendante selon que l’on soit dans l’affirmation, l’interrogation et l’impératif.

    Une 4e séance type théâtre qui permettrait de reprendre les 3 intonations vu précédemment et travailler sur les émotions.

    Cette séquence est un vrai casse tête, pensez vous que ce soit réalisable avec un groupe de niveau A1 ? et que cela réponde aux exigences de travail sur l’intonation ?

    Vos conseils et votre expérience sont les bienvenus.
    Je vous remercie

  4. Philippe dit :

    Tout d’abord, désolé de répondre si tard à vos questions.
    J’ai l’impression que vous mélangez un peu les questions de durée (ou de rythme) et d’intonation. Travailler sur l’intonation vous obligera par définition à travailler les variations de hauteur. Quant à la durée, si elle est évidemment liée aux autres éléments prosodiques (et donc à l’intonation), c’est un autre sujet : ce n’est apparemment pas celui qu’on vous a donné…
    Je ne connais pas la chanson dont vous parlez et je n’ai pas pu y avoir accès sur Internet. Mais en quoi travailler sur le rire vous fera travailler l’intonation ?
    Travailler sur Stripsody peut être assez lourd, surtout pour des apprenants qui ne sont pas des spécialistes en phonétique.
    Qu’entendez-vous par « accent français » ? Le fait que le français se caractérise par une accentuation (essentiellement de durée) fixe ? Si oui, c’est là encore une question de durée et non d’intonation…
    Il faudrait de toute façon préciser chacune de vos séances, qui sont pour l’instant trop génériques.
    Pour l’instant, je ne vois pas comment, dans votre séquence, chaque séance prépare la suivante afin de sensibiliser progressivement l’étudiant à l’intonation du français.
    Il me semble donc que vous devriez revenir à votre sujet et vous concentrer exclusivement sur l’intonation pour l’aborder plus simplement -et oublier ainsi le travail sur le rire, la durée et Strpsody… 😉

  5. Vanessa dit :

    Merci pour votre réponse, la séquence tel quelle a enchanté mon prof de musique pour le partiel du master et elle ne sera finalement pas testée dans le cours de FLE.

  6. Philippe dit :

    Bravo à vous ! -mais tel quel, en effet, la séquence pouvait difficilement être utilisée pour un cours FLE.

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