Des élèves de l’Education Nationale qui passent le DELF !??

27 janvier 2015 par Philippe Mijon Laisser une réponse »

La semaine dernière, le prof de latin de ma fille s’est absenté : il suivait une formation visant à l’habiliter comme examinateur du Delf/Dalf. « Tiens ! me suis-je dit, les profs FLE ne sont plus les seuls à corriger les diplômes du CIEP ». (Ma fille est en 3ème au lycée français de Barcelone).

Elle revient hier en m’annonçant que son prof se prépare simplement pour l’année prochaine : en effet, les élèves du lycée seront invités, à partir de septembre prochain, à passer les épreuves du Delf. « Quoi !?? », ai-je aussitôt crié malgré moi. En la matière, plus rien ne devrait m’étonner mais ça m’étonne tout de même encore. Comment peut-on proposer à des élèves qui suivent les programmes de l’Education nationale de passer le Delf ?? Mais suis-je bête : plus de 2000 élèves au lycée de Barcelone, on aurait tord de s’en priver ! 76€ le A1, 96€ le A2, 120€ le B1, 140€ le B2… les affaires vont très bien marcher !

Je suggère même de ne pas commettre l’erreur un peu bête consistant à proposer aux élèves de passer directement les diplômes les plus élevés en fin de cursus : le B2 en fin de troisième par exemple, mais au contraire de les inciter à s’inscrire à chaque module les uns après les autres au long des ans de façon à s’assurer d’un maximum de rendement. A1 en 5ème, A2 en 4ème, B1 en 3ème, B2 en seconde, C1 en première, C2 en terminale… Hein ? ça laisse songeur !

Et puis, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Proposons aux centaines de milliers d’élèves du système scolaire français de réussir eux aussi aux diplômes du CIEP ! Il y a là un filon autrement plus rentable ! Pourvu que leur nationalité française ne représente bientôt plus un obstacle à leur inscription !…

« Le marché des langues », disent certains.

On marche vraiment sur la tête.

NOTA BENE : Suite à la publication de cet article, la Direction du lycée français de Barcelone a souhaité me rencontrer pour m’apporter quelques éclaircissements, que j’ai précisé dans mon article du 8 février 2015.

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6 commentaires

  1. Sébastien dit :

    On est bien d’accord sur le fait que le marché des langues est devenu un business bien juteux tout comme celui de la formation et des habilitations. C’est une économie de filière, aussi, je ne crois pas que l’on marche sur la tête, c’est un choix délibéré.
    Je ne peux que vous suggérer ,si cela est vrai et confirmé, d’utiliser votre poids en tant que parent d’élève afin de demander des explications à la direction du lycée français de Barcelone.

  2. Vincent dit :

    C´est invraisenbllable ce que je lis là. Pour être habilité FLE par le CIEP ne doit-on pas officiellement faire parti d´un organisme qui fait passer les épreuves hors les lycées francais ne sont pas des centre examinateurs. Dire qu´ils ont refusé de me le faire passer en Colombie alors que je suis boursier du CIEP pour la simple raison que je ne suis pas encore prof de l´Alliance Francaise. Vraiment je vous comprends! A Barcelone y a un avenir pour un jeune prof de FLE? Je songe à un retour espagnol dans 2 ans. Bien à vous Vincent

  3. Oui, bien sûr. J’attends simplement que le lycée invite officiellement les élèves à s’inscrire au Delf pour me manifester auprès de la direction.

  4. Selon le site du CIEP (http://www.ciep.fr/habilitations), il n’est pas obligatoire d’être rattaché à un centre d’examen (mais ce n’est vraiment pas très clair). En revanche, il est nécessaire d’avoir une formation en FLE et de « justifier d’une expérience professionnelle significative en enseignement du FLE ». Je ne sais pas si c’est le cas du prof de latin de ma fille… (à vrai dire j’en doute franchement).
    Il y a du travail à Barcelone mais les salaires sont de moins en moins bons…

  5. Jose dit :

    Mis à part l’argument de la rentabilité, j’entends souvent dire que des francophones natifs auraient du mal à réussir les niveaux B2 et suivants du DELF-DALF. Outre les objectifs spécifiquement langagiers, ces épreuves forment assez pertinemment au développement de compétences argumentatives, tant à l’écrit comme à l’oral. C’est un dispositif valable qui a fait ses preuves. À nouveau, d’un point de vue strictement didactique, je ne trouve pas cela si choquant.

  6. Si on considère que les niveaux C1 et C2 correspondent à des exercices demandés en classe de première et de terminale, voire à l’université (ce qui est faux, les exigences sont moins grandes pour les diplômes du CIEP, je vous renvoie à mon précédent article sur les certifications du CIEP: tout est prévu pour être très conciliant lors de la correction des épreuves, tant et si bien qu’on peut raisonnablement douter de la valeur d’une telle certification), il est vrai qu’un élève ayant terminé ses études à 16 ans aura quelques difficultés à les réussir.
    Pour le reste, si on en est à considérer qu’un diplôme de langue étrangère (dont la valeur, encore une fois, ne me semble pas bien grande) devient un bon outil pour évaluer les élèves de l’Éducation nationale, c’est à désespérer du système éducatif français ; mais ce n’est pas mon cas ! 😉

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