La phonétique de Dominique Abry et Julie Veldeman-Abry

13 octobre 2010 par Philippe Mijon Laisser une réponse »

Il existe sur le marché trop peu d’ouvrages qui permettent au professeur de FLE d’aborder la phonétique en classe pour qu’on oublie de signaler La phonétique de Dominique Abry et Julie Veldeman-Abry*. Titre qui appartient à la collection Techniques et pratiques de classe, La phonétique est divisé en deux parties.

En 65 pages, les auteurs dressent d’abord un panorama général de la phonétique du français d’aujourd’hui qui a le double mérite d’être bref et juste : prosodie, phonèmes, règles de syllabation, problèmes des correspondances entre le code écrit et le code oral, méthodes de corrections existantes, etc. : tout ce que le phonéticien débutant doit connaître pour commencer à travailler avec ses étudiants s’y trouve. Car cette méthode s’adresse à tous les professeurs FLE : à ceux, trop rares, déjà formés à la phonétique et pouvant s’appuyer sur une solide expérience en la matière, aussi bien qu’aux néophytes, qui sont pléthore. C’est qu’en effet les auteurs veulent remédier à ce qu’ils déplorent avec raison dans leur introduction : la phonétique « a toujours été manipulée […] du bout des lèvres tant elle semble inaccessible, scientifiquement réservée à une élite et « pas si utile que ça » ».

La deuxième partie présente des fiches pédagogiques prêtes à l’emploi grâce auxquelles on peut travailler le rythme, l’accent tonique, l’accent d’insistance, l’intonation, distinguer des voyelles en fonction de leur degré d’aperture, les voyelles nasales, etc. ou étudier, d’une manière plus originale, l’enchaînement, la liaison, et les consonnes géminées. Il faut reconnaître que c’est bien fait et pratique. Cela ne remplace pas des séances de phonétique verbo-tonale mais c’est un excellent complément. Ces fiches permettent de traiter un point précis de la problématique qui est forcément abordé de façon plus diffuse durant une séance de verbo-tonale.

On pourra regretter que la connaissance de l’alphabet phonétique international par les apprenants est souvent un pré requis pour les activités, ce qui est toujours un handicap : la connaissance d’un tel alphabet suppose justement qu’on distingue les phonèmes de la langue… Soit les apprenants savent utiliser cet alphabet pour la description ou leur propre mémorisation de formes orales et dans ce cas ces activités de phonétiques sont inutiles. Soit les étudiants ne distinguent pas encore les unités minimales de son et recourir à cet alphabet n’a pas de sens

Des niveaux sont attribués à chaque activité en fonction des impératifs du CECR. En attribuant le niveau A1 aux fiches abordant la prosodie, les auteurs ont le mérite de rappeler que celle-ci est absolument capitale à l’heure d’aborder la phonétique de n’importe quelle langue car elle est le moule (la supra-segmentation) dans lequel se fondent les phonèmes (les éléments segmentaux). Trop de professeurs considèrent encore la phonétique comme de simples exercices de distinction de paires minimales et passent à côté du rythme, de l’accent, de l’intonation, des pauses. Néanmoins, cette nomenclature est presque toujours discutable : en phonétique, on peut pratiquement tout travailler dès les premiers niveaux et revoir des connaissances supposées de base ne fait absolument pas de mal à de nombreux étudiants de niveau avancé !

Une bonne bibliographie générale en fin d’ouvrage dans laquelle il faut cependant noter un oubli énorme, celui du livre de Pietro Intravaia : Formation des professeurs de langue en phonétique corrective. Ça, c’est peu pardonnable !

* La phonétique, Dominique Abry et Julie Veldeman-Abry, CLE International, 2007

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