Des élèves de l’Education Nationale qui passent le DELF !?? (suite)

15 février 2015 par Philippe Mijon Laisser une réponse »

Suite à la publication de mon article du 27 janvier dernier, la Direction du lycée français de Barcelone (LFB) a souhaité me rencontrer pour m’apporter quelques précisions ; je voudrais donc aujourd’hui vous en faire part.

  1. Seuls les élèves de seconde seront invités à passer les épreuves du B2. Il n’est donc pas question de présenter les élèves aux différents diplômes du Delf tout au long de leur cursus scolaire.
  2. Le choix de passer les épreuves du B2 sera laissé à la discrétion de chaque famille. Mais peut-on raisonnablement penser que celles-ci ne seront pas influencées par le fait même que l’institution le leur propose ?
  3. La présentation à ce diplôme ne supposera aucun coût pour les familles : c’est le LFB qui prendra tout en charge (rémunération des examinateurs, coût de leur remplacement si cela les oblige à s’absenter de leurs cours et paiement du CIEP) ; cela représente donc, qu’on le veuille ou non, une dépense supplémentaire qui par définition pourrait être affectée à un autre poste.
  4. Le LFB organisera lui-même une session d’examen pour ses élèves (et ses élèves uniquement) ; plusieurs de ses professeurs ont donc été habilités pour corriger le Delf B2. Pour mémoire, je rappelle que le site internet du CIEP précise que pour devenir examinateur-correcteur des épreuves du Delf/Dalf il faut:

– « avoir une formation pédagogique dans l’enseignement du français langue étrangère et/ou un diplôme en français langue étrangère (mention FLE de la licence, Master 1, Master 2, etc.)

– justifier d’une expérience professionnelle significative (c’est moi qui souligne) en enseignement du FLE. »

La direction du LFB m’a assuré que c’était le cas à Barcelone. Loin de moi l’idée de toujours douter de la parole de l’autre, mais cela méritera tout de même quelques vérifications.

  1. Les élèves de nationalité française (y compris ceux ayant la double nationalité) ne seront pas concernés par ce programme. Il reste qu’il est absolument incompréhensible qu’un élève de nationalité étrangère inscrit dans une école publique de la République Française se voie proposer une telle certification. Le Diplôme d’Études en Langue Française reste une certification de langue étrangère. Que je sache, les élèves étrangers inscrits à l’école en France ne passent pas le B2 en seconde au motif qu’ils ne sont pas Français. Lors de mon entretien, la Direction m’a répondu que certains étudiants étrangers titulaires du bac sont parfois obligés de passer le B2 pour s’inscrire en université au Canada. C’est surprenant et je n’ai jamais entendu parler de tels cas, mais c’est possible ; de toute façon, ces cas isolés ne sauraient justifier une politique visant à proposer systématiquement le Delf à tous les élèves étrangers. Que ceux à qui on exige le B2 s’organisent et le passent alors, si vraiment c’est nécessaire ! Je rappelle à toutes fins utiles que le Ministère de l’Enseignement Supérieur n’oblige en aucune façon les bacheliers étrangers à passer une certification Delf/Dalf pour s’inscrire dans l’enseignement supérieur français (voir la fiche la fiche téléchargeable en 2014)
  2. Enfin, et c’est le plus inquiétant, cette démarche n’est pas propre au LFB mais fait suite à un accord entre l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) –dont dépend tout le réseau éducatif à l’étranger- et le CIEP. Il s’agit donc d’une politique globale visant à faire profiter le CIEP d’un marché potentiellement intéressant : celui des élèves étrangers inscrits dans un établissement d’enseignement français. Ces derniers représentent, faut-il le préciser, les deux tiers des 330 000 élèves en 2014/2015 (sources de l’AEFE).

Je remercie l’équipe de direction du LFB qui a bien voulu m’apporter ces éclaircissements et mesure à quel point cette politique ne dépend pas directement d’elle mais d’instances supérieures. Cependant, je ne peux que réitérer mon désaccord le plus complet avec ces choix.

 

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3 commentaires

  1. Michele dit :

    Tout à fait d’accord avec vous .. c’est une aberration ! ça semble une affaire de gros sous ! avez-vous contacté le CIEP ?

  2. Non, je ne l’ai pas contacté ; il faudrait, mais tout ça prend du temps et en ce moment (à vrai dire, c’est toujours comme ça…) je suis un peu débordé !

  3. Nora dit :

    Bonjour, j’ai travaillé dans un lycée français sur un autre continent et nous avons pu observer la même politique. Les enseignants se sont vus proposer une formation pour obtenir l’habilitation à être correcteurs du DELF alors même que nombre d’entre eux n’avaient ni diplôme ni formation (si ce n’est empirique) en FLE. Tout ceci au détriment de l’Alliance française locale. Je trouve bien dommage que des organismes français se tirent ainsi dans les pattes

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